La réunion “Innovaciones Mexicanas en el acceso a la justicia” a eu lieu le 14 octobre 2021 à 17h, heure de Mexico, et a été diffusée sur la chaîne YouTube du Forum Justice, en espagnol. Ont participé à la discussion: Lucero Ibarra, chercheuse du Centro de Investigación y Docencia Económicas (CIDE-México), Marina Corrêa de Almeida, chercheuse et doctorante en Études latino-américaines (UNAM) et Rosy Laura Castellanos Mariano, présidente de l’Instituto de Investigación y Estudios en Cultura de Derechos Humanos (CULTURA DH).
Marina Corrêa a fait référence à quelques points abordés dans son article publié dans le projet AJA « Les défis de l’accès à la justice et les stratégies des peuples authoctones face aux mégaprojets au Mexique: entre le pluralisme juridique et le positivisme de combat ».
Selon la chercheuse, il existe divers obstacles pour que les peuples autochtones puissent accéder au système de justice, tels que le manque d’institutions, d’avocats.es. et d’interprètes proches de leurs territoires.
Dans ce context, Marina a mis en évidence la capacité que certains peuples autochtones ont acquise de faire un usage alternatif de la loi à leurs avantage, soit à travers le “positivismo de combate”, en utilisant la nouvelle norme présente dans la dernière réforme constitutionnelle; soit pour l’usage alternatif au sens large, en faisant une interprétation plus favorable des normes existantes; ou, à travers de pluralisme juridique, en acceptant et en articulant l’existence de plusieurs systèmes juridiques sur le même territoire.
La chercheuse a signalé aussi des similarités avec le cas brésiliene, par exemple, l’usage du droit à la consultation préalable par les peuples autochtones du Mexique et des protocoles de consultation utilisés par les peuples autochtones au Brésil.
Lucero Ibarra a parlé du concept du droit à l’autonomie et à l’autodétermination des peuples autochtones au Mexique, qui reste encore invisible pour une grande partie de la communauté juridique. Elle a aussi remarqué leur haut niveau de participation dans la lutte sociale contre le crime organisé et le racisme institutionnel. Elle a donné des exemples de structures de gouvernement qui ont été créées par les populations autochtones afin de gérer leurs propres ressources et protéger leurs territoires et leurs modes de vie. Également, elle a présenté des cas d’interaction avec les tribunaux et de dialogue avec les organes de l’État pour surmonter les obstacles juridiques.
Un autre sujet abordé par Lucero Ibarra a été le manque de transversalité dans les actions des autorités mexicaines pour garantir les droits des peuples autochtones. Ainsi il manque à l’éducation juridique une perspective pluraliste pour s’éloigner du dogmatisme juridique et de la vision selon laquelle les systèmes juridiques autochtones sont une chose exotique.
Rosy Laura a fait un tour sous le système judiciaire Mexicain et son importance pour garantir les droits des femmes. Elle a aussi raconté son expérience en tant que conseillère consultative à la “ Comisión Nacional de Derechos Humanos”.
La participation des citoyens et la pression sociale dans le système judiciaire et dans les sphères de pouvoir, selon Rossy Laura, ont montré leur capacité pour obtenir des transformations dans l’agenda d’intérêt public. Selon elle, la Commission Nationale de Droits Humains, même avec ses limitations et ses défis, est un cas exemplaire, notamment en ce qui concerne la sauvegarde des droits des femmes, le soutien des diverses voix de la société civile et la reconnaissance de ces différences.
Comme les autres, elle a souligné l’importance de réaliser une analyse plus critique des droits de l’homme afin de les transformer, sans idéalisations ni préjugés.
Le cycle de conversations AJA est la plus récente activité du projet et vise à réunir des universitaires, des activistes et des personnes du système judiciaire dans les Amériques pour discuter de stratégies et d’expériences innovantes pour démocratiser l’accès à la justice.